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Eric Hainaut, un cabinet d’expertise comptable dédié aux industries créatives et culturelles
1 April 2021 8 By dzerathUN CABINET D'EXPERTISE COMPTABLE DEDIE AUX INDUSTRIES CULTURELLES ET CREATIVES
Eric Hainaut est expert comptable spécialisé en ICC (Industries Culturelles et Créatives). Comment financer ces ICC ? Comment percevoir leur financement dans la crise actuelle que nous vivons ?
D.ZERATH : Bonjour Eric, ravi de pouvoir échanger avec toi sur un sujet qui nous tient à coeur tous les deux et qui est particulièrement d’actualité en cette année 2021.
La crise sanitaire que nous traversons depuis maintenant un an nous interpelle sur de nombreuses questions et en particulier sur nos business models et sur le financement de la création, de nos projets et sur le financement, la structure financière de nos entreprises, sur la structure de notre capital, sur la nature de nos immobilisations.
Avant d’entrer plus en détails… Peux-tu rapidement te présenter, ton parcours et cette structure « Com’Com » que je crois comprendre que tu diriges au sein du cabinet Emargence ?
E.HAINAUT : Bonjour Didier, j’ai créé il y a 21 ans, avec 2 camarade de classe, l’un des tout premier cabinet d’Expertise comptable dédié aux industries Culturelles & Créatives.
Apres quelques achats de petits cabinets et évolution, nous sommes maintenant à la tête d’un groupe, Emargence, de plus de 100 collaborateurs, Com’Com représentant en son sein le pole ICC qui assure encore et de façon transversale (Payes intermittents, Commissariat aux Comptes, Gestion de patrimoine, protection sociale…) plus de 40 % de l’activité.
Hasard du calendrier et après une attente de plus de 75 ans, les Experts Comptables ont enfin été autorisé à être spécialisé et c’est tout naturellement que j’ai été l’un des tout premier a avoir obtenu l’agrément « spécialiste des Activité Culturelles, Créatives et Artistiques ».
Il y a 5 ans le cabinet a pris un virage digital pour anticiper ce que sera l’avenir de la comptabilité et être prêt à accueillir la facture électronique en 2025.
Je suis aussi enseignant et formateur auprès d’établissements Culturels, je fais de nombreuses conférences tout au long de l’année sur des évènements (salon, Forum), j’écris de nombreuses fiches pratiques et articles et j’ai même écrit un livre sur la recherche de financement dans les ICC dont la V2, mise à jour vient de sortir. Je suis également auteur d’un livre sur le Crowdfunding dans les ICC et ambassadeur Ulule.
Comme tu vois Didier, pas le temps de s’ennuyer !
D.ZERATH : Le statut juridique des entreprises culturelles est une question que l’on nous pose souvent. Nous avons toujours recommandé et privilégié la démarche entrepreneuriale par rapport à la démarche associative pour ce qui est de la forme juridique des entreprises dans les domaines de l’édition phonographique, de l’édition musicale et du spectacle vivant. Est-ce une démarche que tu recommande également et si oui pour quelles raisons ?
E.HAINAUT : Tu a raison et je n’ai jamais été très fan des associations, sauf dans des cas très précis.
La première raison qui me fait déconseiller l’association est qu’une activité culturelle consiste souvent à terme à créer un patrimoine : un catalogue de musiques, de disques… hors dans l’association le patrimoine est dévolue au monde associatif et ne peut être repris par son fondateur…. Cela signifie à terme que ce que l’on a construit on le perd… c’est ballot 
Ensuite, dans l’association, il n’y a pas la notion d’associé, de distribution de richesse… ce n’est pas de l’entrepreneuriat en fait.
Il y a 50 ans, Culture rimait avec association, mais ce temps est fini. Tu as remarqué comme la sémantique a évolué ses dernières années. Auparavant on parlait de culture, puis d’entreprise culturelle et maintenant le terme à la mode est « Industries Culturelles & Créatives » les fameuses ICC…. C’est un signe qui ne trompe pas !
Et puis si on y regarde bien, la plupart des aides se porte désormais sur les entreprises et plus sur les associations (Crédit d’impôts, Subventions, …).
Il y a 20 ans l’état avait déjà poussé les associations à évoluer en instaurant la règle de fiscalisation des associations (la règle des 4P : Prix, Produit, Publicité, Public).
Pourquoi l’entreprise est intéressante ?
Je commencerais par un petit cours de latin : l’affectio societatis ! (l’affection d’être ensemble). C’est le terme qui est utilisé en droit des affaires pour caractériser la naissance d’une entreprise… c’est suffisamment partant, non ?
Ensuite l’entreprise est agile, dynamique, évolutive, productrice de richesse… dans un monde en constante évolution, chahuté par la concurrence et les disrupteurs, à coté l’association fait pale figure. Je suis Président de plusieurs associations et je vois bien la différence avec l’entreprise.
« Il y a 50 ans, Culture rimait avec association, mais ce temps est fini. Tu as remarqué comme la sémantique a évolué ses dernières années. Auparavant on parlait de culture, puis d’entreprise culturelle et maintenant le terme à la mode est « Industries Culturelles & Créatives » les fameuses ICC…. C’est un signe qui ne trompe pas ! »
D.ZERATH : Même si c’est un vaste sujet impossible à aborder de manière exhaustive aujourd’hui peux-tu nous brosser un rapide panorama des statuts possibles… en privilégiant celui qui te semble peut-être le plus particulièrement adapté ?
E.HAINAUT : Je fais souvent des interventions sur « quel statut choisir pour entreprendre dans la culture ou je parle de jungle des statuts qu’il faut débroussailler…et tu mets le doigt dessus : c’est un vaste sujet.
Pourtant rien de plus simple avec des petits organigrammes pour choisir plus rapidement.
Je m’étais amusé à produire pour le Forum Entreprendre dans la Culture (Organisé par le Ministère de la Culture) un décisiomêtre que je laisse les lecteurs parcourir.

On y retrouve les formes les plus connues (SARL/EURL, SAS/SASU, Auteur, Professions libérales et même les associations).
Ensuite, lorsque je conseille sur la création d’entreprise, je demande toujours à réfléchir sur points :
La crédibilité : souvent un statut libéral est suffisant, mais dans certains cas, pour des raisons de crédibilité il vaut mieux une société
La synergie 1 + 1 = 3 : s’associer c’est pour faire plus que chacun dans son coin, certains s’associent trop vite et restent indépendant au sein de leur entreprise… ou est l’affectio societatis ?
La légalité : spéculation sur la matière et sur la main d’œuvre… cela signifie que si l‘on veut produire et employer pas possible de rester libérale, il faut passer en société commerciale
La fiscalité : choisir en rémunération et dividende, payer l’impôt sur les revenus ou l’impôt sur les sociétés… et c’est là que l’Expert-Comptable intervient pour faire des simulations
L’âge du capitaine : à vingt ans on ne choisit pas la même forme qu’à 55 ans ! Il faut réfléchir à sa retraite, sa transmission…. A 20 ans on est fougueux, ces sujets ne sont pas primordiaux.
Comme tu le vois le sujet est interminable mais voila de nombreux éléments pour y voir plus claire… enfin je l’espère.
D.ZERATH : Beaucoup d’entreprises sont aujourd’hui créées sous forme d’entreprises individuelles d’une part, et d’autre part nous entrons dans des formes de collaboration de plus en plus nécessaires. Quelles formes ces collaborations peuvent-elles prendre ?
E.HAINAUT : Je suis très partisan de l’entreprise individuelle. Je dis souvent : pourquoi acheter un 4 X 4 pour rouler en centre-ville piéton… une trottinette est bien suffisante !
Cela signifie que souvent les jeunes entrepreneurs foncent directement vers la société alors qu’ils pourraient se limiter à une entreprise individuelle, plus simple à créer et fermer, plus souple et moins coûteuse… puis réfléchir à évoluer vers une forme sociétale quand c’est le bon moment.
D’ailleurs les économistes le disent depuis plusieurs années : nous sommes entrée dans une libéralisation du travail et ce n’est pas la crise du Covid qui va inverser la tendance. Plus de 50 % des actifs sont des indépendants en Belgique et aux USA depuis de nombreuses années… la France et l’Espagne y arrivent plus doucement.
Et puis il y a les Slashers, ces polyactifs qui sont à la fois salariés et indépendants (plus de 1.5 millions en France) qui se sont développé avec l’arrivé de la Micro Entreprise et des outils digitaux nomades.
Maintenant j’observe depuis quelques années, non pas un recul mais la volonté tout de même de ne pas se sentir seul.
Pour les indépendants on parle de collectifs mais dans les faits et juridiquement nous partirons sur des tiers lieux, des espace de coworking ou de façon plus formelles de SCM (Société Civile de Moyen) ou de SDF (Société De Fait) dont je suis très friand.
Pour ceux qui préfère l’Economie Sociale et Solidaire (ESS), on choisira la Scoop ou la CAE (Coopérative d’Activité et D’emploi).
Comme tu peux t’en rendre compte et sans plus m’étendre sur le sujet, les adaptations sont nombreuses pour répondre aux attentes et aux besoins des entrepreneurs.
D.ZERATH : Je pense en particulier aux SEP : Société en Participation et aux SCM: Société Civile de Moyen.
E.HAINAUT : Je n’aime pas trop la SCM, trop rigide, sans possibilité de développement ni d’activité commerciale… il faut laisser la SCM aux activités médicales et juridiques (huissier, avocat, notaires…).
Quant à la SEP, ou la coproduction, je dis souvent que c’est la chance des entreprises culturelles que de pouvoir trouver un associé ou un investisseurs qui ne rentre pas dans le capital de votre entreprise mais seulement sur un projet. C’est moins de risque pour la gouvernance, pour de souplesse dans l’activité…. tu as compris, je suis donc un partisan de tout ce qui est Coédition, coproduction, codistribution…. L’union fait la force comme on dit !
D.ZERATH : A l’AMA nous avons mené une réflexion sur ce type de structures juridiques, et plus particulièrement au statut de SEP, comme réponse possible à l’évolution du métier de manager… métier qui nous amène aujourd’hui à structurer l’activité des artistes avec lesquels nous travaillons sur un modèle 360°…
E.HAINAUT : « Agile » c’est ce que doit être l’entreprise de demain et tu as raison de parler de modèle 360°. C’est drôle, à l’heure de l’ouverture de concepts alimentaires et textiles « monoproduit », les ICC eux doivent plutôt se diversifier pour se développer et sécuriser leurs activités.
D.ZERATH : Mais revenons à notre question initiale : tu as écrit récemment un livre sur le financement des entreprises et des industries culturelles…. un panorama rapide ?
E.HAINAUT : C’est une belle transition sur le model 360° et le monoproduit.
En fait il existait des ouvrages sur le crowdfunding, sur les subventions, des ouvrages sur le monde du spectacles, sur l’audiovisuel et rien de transversal.
J’aime à citer le projet d’un client, qui d’ailleurs s’est concrétisé, autour d’un documentaire qui s’est terminé par :
Une exposition,
Un film pour le cinéma,
Deux livres,
Une pièce de théâtre
Pour toutes les étapes de son projet il a fallu trouver des financement. Nous avons tout fait : crowdfunding, subvention, crédit d’impôts et même créé un fond de dotation pour faire appel aux dons dans le cadre du mécénat.
Une belle aventure qui s’est soldé par un succès de l’exposition, un film distribué dans 40 pays dans le monde et une pièce de théâtre qui était partie pour mais freinée par le pandémie.
Le livre c’est un peu tout cela. Il aborde :
Les aides publics,
Les aides des organismes professionnels,
Les crédits d’impôts,
Le crowdfunding,
La coproduction et la SEP,
Le mécénat et le fond de dotation,
Le placement de produit, l’échange marchandise,
Et tout de façon transversale avec des modèles de documents, un annuaire des organismes et une bibliographie abondante…. bref un vrai ouvrage technique.
D.ZERATH : Peut-on parler d’entreprises « innovantes » dans les métiers de base de l’industrie musicale ? L’édition phonographique, l’édition musicale et le spectacle vivant ? Ou est-ce uniquement réservé aux entreprises avec une dimension technologique ?
E.HAINAUT : Dans mon livre j’aborde le statut de JEI (Jeune Entreprise Innovante) assorti du Crédit d’Impôt Innovation ou Recherche (CII / CIR)… mais c’est vrai que dans les faits sur le secteur de la musique je n’ai encore vu passer aucun dossier. Par contre sur le spectacle oui.
J’ai un dossier avec un magicien qui fait de la recherche par rapport à l’image et un autre sur un outil de mapping (projection d’image sur des façades)… donc complexe mais possible.
D.ZERATH : Ce qui m’amène à différencier également les sociétés de service des sociétés de titulaires de droits… donc de structures de haut de bilan complètement différentes. Et si il y a possibilité d’accès a des financements pour des détenteurs de droit quid des sociétés de service ?
E.HAINAUT : Tu as raison Didier de faire cette distinction car effectivement les aides sont principalement pour les producteurs et pas les sous-traitants. Après si les sous-traitants ont du travail c’est parce que producteur a reçu les aides… mais je ne vois aucune aide directe sur les sociétés de services.
Dans l’audiovisuel c’est différent car les aides peuvent être partagées ainsi que l’avance sur recette dit CNC. C’est contractuel.
Dans la musique, le fonctionnement est différent et je ne vois pas comment ce serait possible.
Du coup ce que font les entrepreneurs qui ont des projets, c’est de faire une activité mixte : prestataire et producteur… faire de « l’alimentaire » pour produire ses projets… en plus cela limite les risques financiers. Inconvénient : il ne faut pas avoir les deux pieds dans le même sabot.
D.ZERATH : Ce qui m’amène a parler aussi en terme de financement bancaire….avec des établissements qui ne comprennent pas nos métiers, nos flux financiers ni nos délais d’encaissement….
E.HAINAUT : Combien fois dans ma carrière j’ai vu des banques s’affoler pour des bilans alors que nous et l’entrepreneurs sommes serins sur l’avenir…combien de fois j’ai vu des refus de prêt uniquement à cause du secteur d’activité.
Certaines banques ont des pôles dédiés « Entertainment »… mais bon une banque reste une banque et n’accompagnera que les entrepreneurs qui seront sans risque.
Comme je le dis tout le temps, un banquier pas au courant est un banquier méchant, un banquier averti est un banquier gentil….
Ne balancez pas vos bilans au banquier sans explication ou un rdv présentation. C’est vrai que la structure bilantiel des ICC est différente de ce que votre attaché de compte apprend à l’école mais en lui expliquant tout, on arrive à avancer.
D.ZERATH : Qu’en est il des garanties type IFCIC, des réseaux entreprendre, initiative France, les business angels ?
E.HAINAUT : Ces nouveaux organismes financiers viennent enfin au secours des ICC et ils aident vraiment. Tu ne parle pas de la BPI pôle Culture, qui est aussi très présente.
Ce sont des financiers il faut donc leur apporter des dossiers bien fait avec une vrai cohérence mais le bonus c’est qu’il y a un vrai accompagnent, du conseil, qui permettent de faire évoluer le dossier et pourquoi pas le projet pour arriver à nos fins.
Et lorsqu’en plus un dossier à reçu l’aval IFIC ou BPI , les autres bourses se délient plus facilement.
Par contre et très honnêtement, dans le secteur Culturel, je ne vois pas beaucoup le museau des business angels sans l’Edition et la presse.
D.ZERATH : Eric, après la première partie de notre entretien consacré au financement des ICC, je souhaiterais aborder avec toi les questions liées au financement de la création. J’ai parfois tendance à appeler cela des opérations de bas de bilan, parce que le traitement comptable et fiscal est totalement différent des questions que nous avons abordées précédemment.
Le financement de la création c’est celui de la production, enregistrement, mixage, mastering, de la production de vidéos et plus largement de contenus pour les réseaux sociaux, le financement du marketing et enfin celui de la production du spectacle vivant
Aujourd’hui les sources sont multiples : Peux-tu nous les définir un peu plus précisément ?
E.HAINAUT :
Les sources:
Apport des créateurs
Apport des producteurs
Financement bancaire
Financement participatif
Subventions
Crédit d’impôt
Love money
Placement de produit
Co-productions
Apports en industrie…
Didier, je te confirme que l’un des grands principes économiques de l’entreprise est de financer les besoins permanents par des ressources permanentes et que le financement de l’exploitation doit se faire par des ressources courantes.
Celui qui finance par exemple l’achat de matériels par de la trésorerie issue du décalage entre l’encaissement de ses clients et le paiement de ses fournisseurs, s’expose à de gros risques financiers futurs si son activité subit une grosse variation…la crise du Covid nous l’a bien montré chez certains et malheureusement pour les entrepreneurs dans cette situation.
L’intérêt du financement de la création c’est que l’entrepreneur arrive à un stade où il a quelque chose de concret à présenter, un produit à vendre…donc cela semble plus facile au niveau attractivité.. mais comme dans toutes choses, rien n’est simple et surtout il faut savoir choisir les bons modes de financement.
L’intérêt du monde de la culture et des entreprises c’est que les sources sont très étendues, variables et surtout il n’est pas obligatoire de faire rentrer quelqu’un dans le capital de son entreprise pour obtenir des fonds d’un investisseur contrairement aux entreprises classiques
Si tu le souhaites, je vais « descendre » les différentes sources que tu cites et en donner brièvement des définitions et des conseils.
Apport des créateurs
C ‘est une source importante car c’est le socle de la survie de l’entreprise. On ne le sait pas assez mais les statistiques des chambres du commerce indiquent que 70% des entreprises ne survivent pas au-delà de 7 ans, non pas en raison d’un manque d’activité ou parce qu’elles sont trop déficitaire mais simplement par défaut de trésorerie. C’est d’ailleurs pour cette raison que le législateur pousse les entreprises à ne pas être sous capitalisée et à pratiquer l’autofinancement.
Avec des chiffres vous allez mieux comprendre !
Aujourd’hui le capital des entreprises est libre. On peut ainsi créer une SARL ou une SAS avec 200 euros de capital… oui mais une fois la création faite, comment fait-on pour payer les frais de création (entre 200 et 1500 €), les frais de démarrage (site internet, carte de visite)…. Et surtout comment faire pour financer les premiers achats de matériels, les premiers règlements de fournisseurs avant que du chiffre d’affaire ne soit encaissé ?
Si un apport des créateurs conséquent est important à la création de l’entreprise, il est possible de le calculer en établissant un petit prévisionnel et un budget de trésorerie. De ces calculs ressortira la détermination du BFR (Besoin de fonds de Roulement) et de la trésorerie nécessaire à la création et au bon démarrage de l’entreprise.
Je profite d’avoir évoqué les apports des créateurs à la constitution, pour souligner qu’il existe un autre mode d’apports ultérieurs des créateurs (au-delà des apports en compte courant) qui est l’autofinancement.
L’autofinancement, c’est quoi ? C’est tout bêtement le fait, pour les créateurs, de ne pas récupérer tous les bénéfices de l’entreprise et d’en laisser une partie pour financer le développement et la croissance de l’entreprise.
Un exemple très simple permettra de comprendre comment l’autofinancement permet d’alimenter l’évolution du BFR.
Si vous faites 50 K€ de CA avez 20 K€ de charges, des paiements clients à 60 J et des règlements fournisseurs à 60 J, votre BFR sera de (50 – 20) X 2 mois soit 60 K€.
L’année suivante, votre CA et vos achats doublent (100 K€ et 40 K€) et les règlements se font toujours à 60 J. Votre BFR passe à (100-40) X 2 mois soit 120 K€.
Comment pouvez-vous alimenter l’augmentation de ce besoin en fond de roulement de 60 à 120 K€ autrement que par de l’apport extérieur d’argent ? Par l’autofinancement, c’est-à-dire en conservant une partie des bénéfices de l’année précédente dans le cycle d’exploitation.
Apport des producteurs / Coproduction
Je le rappelais en préambule de cet article, la chance dans les entreprises culturelles, c’est de pouvoir faire entrer des investisseurs au projet sans qu’ils ne rentrent dans le capital de l’entreprise. Ainsi, ils ne participent ni à la gestion de l’entreprise ni aux profits de l’ensemble des projets de l’entreprise.
Il s’agira alors de faire une coproduction ou une société en participation (SEP) mais nous n’allons pas rappeler ici les principes et les différences.
Pour créer une activité aux investisseurs, il s’agira de présenter un prévisionnel qui montrera à ce dernier l’intérêt de coproduire votre projet.
Attention à la partie contractuelle des coproductions et SEP ; de nombreux contentieux naissent de contrat mal ficelé et de coproducteurs qui se sentent lésés eu égard aux résultats du projet pour lequel ils ne touchent rien en raison des clauses du contrat.
Il est utile de rappeler qu’un investisseur n’adhérera à votre projet que si vous-même vous y mettez de l’investissement (environ 20 à 30 % du total).
Financement bancaire
Les entreprises peinent à trouver du financement bancaire : des bilans particuliers, des retours sur financement incertains. On se rappellera du procès fait à Francois Valery par sa banque (Banque de Baecque-Beau / CCF) sur la comédie musicale « A l’ombre d’un géant » qui, se sentant lésée en perdant le retour de son financement, avait attaqué le chanteur en responsabilité personnelle pour 3 millions de francs de l’époque (460 000 €).
Il faut désormais des grands noms, des vedettes « bancables » comme on dit… et encore ce n’est pas toujours facile.
Heureusement, la BPI et l’IFCIC sont là (ce sont des établissements financiers sous l’égide de l’état qui cautionnent les prêts bancaires).
Donc, si vous devez rechercher du financement bancaire, un conseil, rapprochez-vous de ces deux établissements… mais rappelez-vous : un prévisionnel solide et des apports personnels sont nécessaires, sinon vous n’obtiendrez rien.
Financement participatif / Love money
C’est la mode du moment ; pas un jour sans que l’on entende parler de crowdfunding… pourtant la réalité est moins glamour qu’il n’y paraît : beaucoup de petites campagnes (moins de 5000 €), des campagnes avortées, trop de campagnes pour des produits similaires simultanément qui cannibalisent les autres.
Si on peut espérer quelque argent avec une campagne de crowdfunding, si c’est un bon moyen de prévente dans le cadre d’une autoproduction, c’est avant tout un test client grandeur nature de votre projet et une belle campagne de communication.
Ne partez ni trop tôt, ni trop tard ; accumulez les « followers » sur les réseaux, sinon votre campagne ne servira à rien. Et surtout, anticipez sans modération tout le travail de pré et post campagne.
Concernant les « loves money »… personnellement, j’estime que ce n’est plus actuel… il y a bien papa et maman qui peuvent donner un peu de sous, mais, même eux, pourraient réfléchir à leur intérêt dans l’opération. Nous avons constaté depuis la transformation de l’ISF en IFI, que les parents donnaient moins à leurs enfants pour leurs projets… était-ce vraiment par amour de leurs enfants ces dons ?
Subventions
C’est le grand moyen de financement des entreprises culturelles… Mais attention, que l’on ne s’y trompe pas : fini l’arrosage systématique sur des projets sans véritable contrôle.
Désormais, il s’agira de remplir de dossiers, parfois complexes, qui seront validés par des commissions, qui seront contrôlés à posteriori, nécessiteront, de plus en plus, une validation par un expert-comptable et exigeront un minimum d’autres apports.
Bref vous l’aurez compris, s’il existe une foultitude d’organismes prêts à donner des subventions aux industries culturelles et créatives, il n’est plus question de les distribuer n’importe comment : l’organisme recherchera de la création de richesse, d’emploi, une démarche RSE, un équilibre Hommes / Femmes.
Crédit d’impôts
Un bon moyen, à la fin du projet, pour récupérer une somme d’argent qui peut être très conséquente et qui constitue souvent la marge finale de l’entreprise.
J’en rappelle le mécanisme : un certain nombre de dépenses dites « éligibles au crédit d’impôts » forme un total auquel au quel on applique un taux de crédit d’impôts (20/30 ou 40 % selon les types de crédit). Le montant obtenu s’impute sur l’impôt sur les bénéfices de la structure ou fait l’objet d’un remboursement de la part de l’état en cas d’insuffisance d’impôts.
A la fois simple et complexe, ce mécanisme nécessite un formalisme rigoureux et généralement la signature d’un expert-comptable. Mais au final, les sommes obtenues peuvent être capitales pour la rentabilité du projet.
Ceux qui pensent que Culture = Association, trouveront ici les limites de cette idéologie, puisque les associations, non soumises à l’Impôt sur les Sociétés, ne peuvent pas bénéficier des crédits d’impôts…D’ailleurs, mais nous ne l’aborderons pas ici dans le détail, les mécanismes de financement des associations sont majoritairement différents de ceux des sociétés commerciales.
Enfin, pour finir sur le chapitre du crédit d’impôts : n’oubliez pas, quels qu’ils soient, les crédits d’impôts nécessitent un agrément préalable au projet…. En cas d’oubli, pas de rattrapage possible : le crédit sera perdu.
Placement de produit
Petit nouveau, très à la mode et développé grâce aux rappeurs et aux réseaux sociaux, le placement de produit permet de « compléter » le financent d’un projet : des vêtements, du maquillage, des marques de luxe, de téléphonie… on en voit partout dans la nouvelle génération de chanteurs et ce de façon plus ou moins discrète. Si c’est une source de revenus, c’est aussi un choix d’artistes. Certains pousseront le financement pour devenir également l’égérie d’une marque et la les financements seront naturellement beaucoup plus conséquents.
Apports en industrie
S’il fut un temps où dans la constitution du capital social de l’entreprise, certains entrepreneurs faisaient appel à des apports en industrie, cette règle est désormais révolue et en voie de disparition.
En revanche, dans le cadre de certaines coproductions, il arrive régulièrement que des studios prêtent gracieusement leurs technologies en échange de parts de coproduction. Il s’agit en fait d’apport en industrie. L’intérêt est qu’il n’y aura pas de circulation d’argent, induisant l’absence de prise de risque pour l’investisseur ; quant à l’artiste, il bénéficie de ressources qu’il n’aurait pas pu financer.
Attention à bien faire valider le contrat de coproduction et d’apport en industrie par un avocat spécialiste du domaine.
Indépendamment des sources, existe-t-il une stratégie particulière à adopter ?
Un ordre dans lequel procéder ?
Je répondrai à ces deux questions en même temps car elles sont intimement liées.
Je pense qu’il est difficile de courir après un investissent extérieur si préalablement on n’a pas réuni un apport et/ou si on n’a pas constitué un dossier de demande de subvention et valorisé le crédit d’impôts.
Lorsque ces chiffres sont mis en évidence dans un business plan, l’attractivité, la limitation des risques et la concrétisation du projet devraient attirer investisseurs, coproducteurs et établissements bancaires.
Si, il y a 20 ou 30 ans, les barrières à l’entrée se situaient au niveau des coûts de production et de l’accès à la distribution, l’évolution technologique des outils de production et la possibilité d’un accès direct au marché font que nous avons été témoin d’un déplacement de ces barrières vers le financement du marketing.
Les sources de financement évoquées plus haut, s’appliquent-elles effectivement à tous les besoins financiers ? Production, financement des clips ? Des répétions ? Des tournées ? Dépenses Marketing et promotionnelles ?
Je confirme que les nouvelles technologies ont radicalement baissé les coûts de productions et la bataille se situe désormais au niveau distribution et marketing.
Il n’est pas rare d’observer des plans markéting de lancement de disque avec des sommes considérables.
On a même constaté dans le cinéma, des coûts de campagne mondiale de lancement, supérieurs au coût du film !
De fait, ces postes ne devront pas être négligés dans le financement des projets même si certains de ces coûts ne s’appliquent pas à tous les postes.
En reprenant la liste des différents moyens de financements, je vais indiquer par l’intermédiaire d’un tableau et selon mon point de vue, à quels stades des projets ils peuvent s’appliquer.

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